Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/140

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— Ce doit être le lévrier de Monsieur, dit celle-ci, je l’aurai enfermé dans la chambre sans y faire attention.

On chercha le chien ; il n’avait pas bougé de l’écurie. Berthe ne voulut pas insister.

— Louise, dit-elle avec un geste navrant, habille-moi, je dois sortir.

Cette statue brisée la chassait de chez elle mieux que tous les reproches de sa conscience. Jean lui avait souvent répété que la Vénus lui ressemblait, et ce n’était pas le chien qui l’avait mise en morceaux. Jean devait avoir tout vu, tout entendu… Comme elle le récompensait ce mari amoureux à qui elle devait son existence féerique !

« Allons, songeait-elle en se laissant passer une robe de bal sans savoir ce qu’on lui voulait, je vais me réfugier chez maman, à Meudon, j’y aurai froid… bien froid… Je mérite d’avoir froid. »

Il fallut ôter la robe de bal pour lui remettre un costume plus sombre.

— Je vais chez ma mère, avait-elle déclaré en arrachant vivement le tulle et les bijoux.

Elle ? se couvrit d’un manteau de loutre, ajouta une voilette épaisse :

— Ma mère est malade ; vous direz que j’ai reçu une lettre, c’est pour cela que je ne veux pas qu’on attelle… je vais prendre le premier fiacre.

Louise se taisait.

Madame était bien libre, pourquoi lui donner