Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/240

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Dieu, disait-elle à Yvon, mais elle vous met le cœur sens dessus dessous, rien qu’en tirant une aiguille.

Berthe reçut quarante sous de la mariée qui voulut l’inviter à sa noce tant elle fut contente du travail, et le curé de Langarek déclara que sa bannière était plus belle qu’avant le passage des rats : il donna généreusement trois francs.

Anne dut faire emplette de la toile et d’un berceau d’osier.

— Mon mari ne pourrait pas me reprocher d’avilir son enfant, s’il me voyait ! dit un jour Berthe en mettant le dernier point aux pauvres petits vêtements qu’elle avait voulu préparer toute seule.

Aime fut très étonnée, peut-être même choquée. Madame Soirès n’avait encore jamais prononcé ces mots : mon mari.

Ce jour-là le facteur apporta une lettre de Biarritz.

« Je vous défends de vous tuer ainsi, écrivait le comte Maxime, je devine bien le très noble motif qui vous fait agir, seulement cela prouve que vous m’aimez moins… je quitte la plage mondaine, où je ne vois guère que de l’eau et des femmes, pour aller à Bryonne le temps de sentir une âme et une sainte tout près de moi. »

Berthe poussa un cri étouffé.

— Je ne veux pas qu’il vienne !… fit-elle la gorge crispée dans une angoisse inexprimable.

Et quand Anne entra chez la jeune femme, elle