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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/245

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galerie de ses ancêtres, et tout à coup, se souvenant d’une splendide Américaine pour laquelle il avait dépensé cinquante mille livres à Biarritz, il conclut… que la langueur de ce soir d’automne était adorable !…

Berthe avait fait baisser ses persiennes le lendemain matin, prétextant les ardeurs du soleil. Elle allait et venait dans sa chambre comme un oiseau dans une cage, lorsqu’un chat, l’ennemi, rôde autour des barreaux. Elle parlait au portrait, lui reprochant de la faire rougir de honte. En réalité, elle était rouge de fièvre, son état s’aggravait et le médecin de Saint-Brieuc, appelé la veille, déclarait que la frêle constitution de la mère pourrait bien arrêter le développement de l’enfant. Il ordonna une profonde solitude, aucune émotion et une nourriture très abondante ; malheureusement Berthe ne voulait rien manger, elle ne prenait que le lait et le pain bis que lui envoyait une paysanne ; cette paysanne la payait ainsi pour un bonnet que Berthe avait brodé après avoir cousu sa layette.

— Je ne veux rien de ce qui est au comte Maxime ! répétait la jeune femme en repoussant toutes les offres de sa servante.

Yvon se désolait.

— Elle irait mendier pour ne plus revoir son logis que je ne m’ébahirais disait le valet de chambre montrant de temps en temps le poing au château de Bryonne dont la masse imposante avait, au fond du paysage, l’aspect d’un monstre endormi.