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Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/181

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ALFRED JARRY


cabaretier au besoin, le soin de lui fabriquer son tripode, avec ou sans tour féodale. On mit, là-dedans, une équipe de terrassiers au nombre d’un seul ouvrier, un peu flemme, qui passait le plus clair de la journée à prendre des petits marcs chez la mère Fontaine, de prodigieuse mémoire. La mère Fontaine se montrait une mère pour tous les bracos de la contrée, et si elle s’avouait fontaine, c’était surtout pour l’écoulement d’alcools variés. Je n’ai jamais connu de personnage plus effarant que cette vieille sorcière qui minaudait comme une ancienne hétaïre, avait, paraît-il, été fort belle lors des premiers chemins de fer et appelait tous les hommes, bourgeois des plus notoires ou mariniers ivres-morts : « ma cocotte en sucre ! » Cette bonne créature avait pris en grande affection le père Ubu et lui tenait des propos à le faire rougir lui-même.