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Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/220

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LA MORT EN BEAUTÉ


passa encore un hiver dans le taudis de la rue Cassette. Il ne mangeait presque plus, mais buvait encore. Je le recevais tous les mardis, jour où il se levait, agissait, parlait comme le fantôme de lui-même, la face blême et les yeux creux. Il avait pris en grippe tous ses anciens amis, ne pouvait voir un « merdecin » parce que, prétendait-il, ces bouffres-là l’avaient drogué pour l’examiner de près : « Vous comprenez, Ma-da-me, ils ont tout intérêt à disséquer un personnage de notre trempe. Ils auraient l’occasion d’apprendre quelque chose de nouveau. » Par instant, très lucide, il se souvenait de ses nombreuses dettes et cela le tourmentait ; il ajoutait, avec un rire macabre : « Nous vivrions cent ans que nous ne les paierions pas ! »

Il était tellement saturé d’éther qu’on le devinait avant de le voir. Il marchait dans une espèce d’hallucination qui,