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Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/41

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ALFRED JARRY


« Les espiègleries de Jarry firent le plus grand tort à sa gloire, et son talent, un des plus singuliers et des plus solides de son époque, ne lui rapportait pas assez pour vivre. Il vivait mal, se nourrissant à Paris de côtelettes de mouton crues et de cornichons. Il m’assura que pour bonifier son estomac il buvait souvent, avant de se coucher, un grand verre dans lequel il avait versé, par moitié, du vinaigre et de l’absinthe, mélange bizarre qu’il liait en y ajoutant une goutte d’encre. Les dévouements féminins ont manqué au pauvre père Ubu[1] ! »

Sans risquer aucune ironie à la française vis-à-vis d’un très courageux étranger mort pour la France, je me permettrai de dire à feu Apollinaire que s’il rencontre, au ciel ou aux enfers, le fantôme du père d’Ubu-Roi, il pourrait

  1. Les Marges, No du 15 janvier 1922.