Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

39
ALFRED JARRY


Ubu un peu inquiet, que prétendez-vous faire de ça ?

— En manger une et vous l’autre, ce qui prouvera la bonté de notre estomac sinon la tendresse de la viande, mais je vous préviens qu’il s’agit d’un loyal combat : celui qui ne mangera pas la sienne jusqu’à l’os s’engagera à ne plus jamais troubler les digestions du voisin par des récits aussi dégoûtants qu’exagérés. »

Jarry, médusé, regardait son assiette. Ça, ce n’était point une performance de coureur cycliste.

Il murmura, de plus en plus inquiet :

« Admettez-vous les cornichons ?

— Non, mais le sel, toujours de rigueur sur une côtelette cuite !

— Partageons les chances, fit le père Ubu devenu grave. Je vous passe le sel, passez-moi les cornichons…

— Soit, dis-je dédaigneusement, seu-