Aller au contenu

Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

4
ALFRED JARRY


teur jusqu’à la singerie, nul plus que ce chercheur d’absolu ne fut à la merci du contingent : extraordinairement compréhensif, il ignora la vie comme personne ; délicat souvent, discret, plein de tact en mainte circonstance, il aimait à prendre des altitudes cyniques. Il était doué d’ingéniosité plus que d’imagination, et de son esprit géométrique et à déclenchements automatiques surgissait dix fois la même idée sous différents aspects. Volontaire, tenace, hâbleur un peu, il s’illusionnait facilement et toujours dans le sens de l’optimisme — d’où quelques bonnes sottises qui lui furent préjudiciables. Ses désirs furent des impulsions d’enfant : un livre en caractères alors rares en France, un canot, une cabane au bord de la Seine : il les réalisa immédiatement — incontinent, eût-il dit — sans souci des possibilités, envers lui-même