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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/103

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temps de guerre, il peut devenir odieux. S’il ressemble aux exagérations que, par métier, je, suis obligée de lire, comment m’aurait-il été possible d’en entendre les échos, d’en recueillir et accueillir les auteurs chez moi ? On a la phrase de guerre, le ton de guerre, comme on a la jupe courte ou le chapeau pointu. Personne n’a l’air de vouloir consentir à un retour sur soi-même, sinon à la nature !… Ou continue à se jouer.

Je veux ici m’expliquer une fois pour toutes. Recevoir, ce n’est pas lever un rideau, c’est ouvrir une porte. Or, depuis une quinzaine d’années, les réceptions, même les plus intimes, ont perdu leur caractère amical de réunions pour prendre celui d’exhibition. Je ne comprends rien et n’ai jamais rien compris à la façon d’évoluer en décor de mes consœurs de lettres. Il m’a semblé qu’elles oubliaient d’entretenir le foyer de l’esprit pour tout sacrifier au foyer du théâtre. Elles ont la manie des lectures, des récitations et des conférences. Se mettant sans cesse en avant, elles ont condamné au silence des gens spi-