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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/136

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et les herbes sèches des printemps passés. Cette fois, elle est vraiment crevée, la chèvre !

C’est maintenant, oui, que le drame commence ! Il nous faut l’enterrer. J’ai envoyé la femme fantôme chercher l’équarrisseur. Il a refusé de venir pour une chèvre. J’ai fait offrir cinq francs et on a répondu que ça ne valait pas la peine de déranger un cheval, un homme pour si peu, même y compris la peau, la belle peau blanche, la fourrure au longs poils qui ferait une solide couverture pour un pauvre diable de soldat, dans la tranchée. Je ne comprends pas. Je suis persuadée qu’il vaudrait la peine de se déranger pour moins que ça, pour précisément cette seule peau. La France n’est pas assez riche, aujourd’hui, pour laisser perdre la moindre parcelle d’animalité utilisable.

Alors ?… je dois donc bénir le froid qui me permettra de conserver Pierrette entourée de glaçon, étendue sur la neige et devenue rigide comme une statue de sel. J’attendrai que nous trouvions un homme, ouvrier, che-