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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/159

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reprocher la pluie quand elle tombe sur mes projets les plus futiles, je ne manquai point de dauber sur le Gouvernement. Stoïque, l’ami qui on fait un des ornements les plus spirituels m’écoutait, ne pouvant placer un mot, tâtant dans sa poche de gilet son billet délivré pour Bordeaux et rageant lui-même sous l’averse des consignes inviolables tout autant que sous la dégelée de ma diatribe. Il avait un grand air de dignité pour plaider la cause nationale. Je le quittai complètement exaspérée. Non, mais ?… est-ce qu’on allait devenir bête, chez les gens de lettres, parce que c’était la guerre ?

Au fond, personne n’a besoin du Gouvernement ; cependant, quand il s’en va, c’est un peu comme si on décrochait la panoplie du bureau. Vous savez, ces armes brillantes, damasquinées, toujours bien fourbies qu’on met à l’ombre des paisibles bibliothèques. Ça ne sert pas souvent, mais ça fait riche, ça y a toujours été, du reste, ce sont des échantillons d’une force qu’on a éventaillée là, derrière un buste de femme, en auréole,