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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/178

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berceau apportaient le biberon à l’enfant qui le réclamait ; et les chevaux, et les ânes… ils en avaient de la mémoire, ils s’arrêtaient d’eux-mêmes devant tous les cabarets ! Chacun avançait la sienne, tout le monde parlait à la fois… C’était la guerre… c’est-à-dire, on y échappait.

« Dites donc, me demanda l’homme à la menthe verte, ça vous rapporte gros ce machin-là ? » — « Euh ! Euh ! pas énormément ! Des fois plus, des fois moins. J’imagine que je ne ferai pas de bien bonne recette en province. À Paris, ça me suffisait. » — « Il n’y a que Pantruche pour la liberté de la bourse et de tout… », murmura un jeune soldat avec une sorte de religieux respect pour ce Pantruche qu’il allait défendre et ne reverrait peut-être jamais.

La guerre ! Personne n’y pensait quand on était entre soi. C’était une étrangère dont on ne saisissait pas encore l’accent, mais la nuit la fit rentrer par la portière ; on rencontra des canons montant, en sens inverse, sur ce Pantruche de toutes les libertés. Alors on ne