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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/191

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ça, moi, l’auteur de la Tour d’amour, on se moquerait certainement de mon imagination !)

Après avoir remercié nos protecteurs d’une nuit, à qui on ne pouvait rien faire accepter et qui regardaient avec stupeur, au plein jour du matin, ce monsieur décoré et cette dame en talons Louis XV qu’ils avaient, eux aussi, ramassés dans le coin des enfants perdus, nous allâmes donc échouer de l’autre côté de la ville où perchait Gabrielle : « En attendant mieux, vous êtes ici chez vous ! » déclarait le Celte aux regards bleus, et il nous communiquait sa joie, un entraînement d’apôtre. Il semblait ruisseler déjà d’une lumière de paradis : « Je crois que je vous ai toujours connus, me disait-il. Je vous dis des choses que je ne dirais jamais à ma tante, ni à personne. Après la guerre, oh ! oui, j’irai vous voir à Paris. Je n’aurai plus peur de Paris, on sera des amis depuis si longtemps ! » (Il y avait quatre jours qu’on s’était rencontré !) Nous l’invitions à dîner dans un restaurant dont il avait fini par nous forcer la porte, près de la gare, et là il mangeait en courant,