Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/213

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La nuit suivante, je ne dors pas. La petite plainte s’élève, aiguë, désespérée. Non seulement il n’est pas mort, encore ne veut-il pas mourir ! Et voilà qu’à l’heure des crimes, un autre cri retentit, affreux, celui-là, le hurlement de l’oiseau de proie attiré par cette misère, dont il y a un bon souper à obtenir. Oh ! il ne se défendra point, le petit nègre, il n’a ni griffes ni dents pour cette lutte contre les ailes sombres qui planent au-dessus de ses lamentations. Ils ne dit plus rien, résigné, fasciné. Sale chouette ! Tu n’es bonne qu’à manger des souris… Elle semble me répondre en ricanant : « Je mets de l’ordre, moi, il n’est pas convenable de laisser pourrir ce poupon sur une toiture. Ça vous empestera tous. »

Je saute hors du lit. Mon peignoir, mes souliers. C’est comme une poigne qui m’enlève et me jette à la rue. Je n’ai réveillé personne… pas même le chien de la cour. Heureusement que la barrière ne sera restaurée qu’à l’aube. Sinon, j’aurais brisé la neuve… Il n’y a rien à faire contre la force qui me