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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/217

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noirs portent bonheur… prenez garde ! »

J’ai revu le petit chat. On le soigne.

Je m’en irai volontiers de ce pays.

Il y a un moulin sans eau dans une vallée proche du village, un moulin mélancolique et tout ruiné. Un jour, l’eau de son ruisseau a disparu brusquement. Des naturels m’ont déclaré n’y avoir rien compris. Peut-être ce n’est qu’une légende : un industriel captant une source parce que le possesseur du moulin ne voulait pas le vendre. On ne se rappelle plus bien. L’humanité n’est pas seulement en guerre avec elle-même, elle se bat aussi avec la nature.

Il y a, également abandonnée, une chapelle où il n’entre jamais personne, désaffectée, fermée à clé. Par la fente de sa porte disloquée, j’ai regardé son autel de vieux bois vermoulu : il ressemblait à un cercueil grand comme pour plusieurs morts, sans croix, sans couronne, un cercueil qui aurait, dans l’ombre de cette voûte humide, fait fermenter une effroyable résurrection. (Est-ce qu’un jour les dieux de la terre ne chasseront pas les saints