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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/226

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ments et se coiffait toujours bien : « N’auriez-vous pas ici, Madame, une chambre ou un coin de grange à louer ? » — « Je crois, lui répondit-elle, comme si elle attendait cet homme, qu’il y a ici des choses pour vous, mais je ne suis pas la maîtresse de la maison ! » Je lui fis signe de le retenir sans me déranger. L’homme parlait d’une voix basse et précipitée : « C’est que… voilà, je suis un réformé temporaire. J’ai une femme et trois enfants. Personne ne veut me recevoir dans ce pays où je ne suis pas connu. J’ai un peu d’argent. Il me faudrait si peu de place… je voudrais surtout de la terre à gratter, je suis cultivateur. » Et ma réfugiée me regardait en souriant, trouvant cela très naturel parce qu’elle venait de le prédire.

D’un bond je fus debout et décidée : « J’ai, en effet, quelque chose pour vous, dis-je au bonhomme, seulement, ce sera peut-être cher. » On lui montra le joli pavillon clos, ses étables, ses poulaillers et toute la terre à gratter, autour. Il hochait la tête, les yeux brillants de convoitise. À ce moment, je remarquai que