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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/228

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bles. « Un champ… Un grand champ ? » fit-il, en extase. — « Vous avez des enfants… sages ? » — « Oh j’aime autant vous dire qu’ils sont jeunes ; personne ici n’en veut rapport à ça. Si c’était à refaire… bien sûr… mais ils sont là, faut bien que je les garde… Un champ ? et vous me le loueriez à part ? » Ma réfugiée me regardait avec une sorte de compassion, ne doutant pas une minute de ce qui allait venir… Alors parce qu’elle me regardait, justement, et qu’au fond cela ne regardait qu’elle, je finis par dire à l’homme, pour ne pas faire durer cette bonne plaisanterie : « Puisque cela semble vous convenir, vous entrerez donc chez moi avec la femme et les trois enfants, vous gratterez la terre, vous vous servirez des animaux, pourvu que vous ne les maltraitiez pas, et vous agirez au mieux de vos intérêts. Je n’y mets qu’une condition, c’est que vous ne paierez pas. Vous avez fait un rêve en sortant de l’ambulance : qu’il se réalise entièrement. Je ne vous demande qu’une chose : tâchez d’être bon… Nous devons vivre tous en bonne amitié et il faut surtout