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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/230

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pays par l’invasion, se cramponnant aux voitures d’ambulances, tombant, se relevant, exaspérant les parents lointains quand ils tombaient chez eux, bien vite repoussés par le propriétaire quand ils essayaient de se relever en payant une unique chambre sale le prix d’un appartement meublé. Et le cauchemar devenait le conte de fées… Durant six mois il n’y eut pas un nuage, malgré la pluie d’automne. On grattait la terre, on semait et on labourait. Je soldais toutes les notes, parce que je ne voulais pas qu’on pût me dire ce que m’avait dit un honorable magistral de la contrée : « Nous ne pouvons pas lui donner de certificat, parce qu’il n’est pas d’ici. » Il serait d’ici, bon gré mal gré Puis il fut menacé, de nouveau, par les tentacules de la pieuvre. Puisqu’il était guéri, il devait resservir. Guéri ? On ne guérit pas de la guerre quand on l’a faite. Si le physique y échappe, nul moral ne peut s’en retirer intact. À partir du moment où il sut que cela recommençait, l’homme se détraqua, telle une mécanique dont la force de propulsion demeure