Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/247

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le temps où nous vivons, empêcher les inconscients de gâcher. Ces trois-là n’aiment réellement ni les œufs, ni le lait ; ils ont l’appétit de la charcuterie, de l’abominable charcuterie qu’on fabrique en banlieue parisienne, substance à la fois fade et faisandée, sans goût défini, parce que saturée d’aseptisants destinés à la rendre avalable, sinon digestive, et ils préfèrent, au fruit naturel, tous les produits de l’épicerie grossière déclarée fine, les chocolats, les nougats, les bonbons acidulés, qui n’ont d’anglais que les angles, toutes sortes de mixtures amères à force d’être frelatées par on ne sait quel chimiste ennemi de l’enfance. S’ils mangent une pomme, elle est non pas verte, mais encore en bouton, et s’ils désirent frénétiquement une tartine, c’est avec un peu de moutarde sous le beurre. (D’où, sans doute, le nom de moutard !) Et il n’est pas besoin d’ajouter qu’ils boivent du vin pur, aromatisé de bois de Campêche, dans le fond du verre de papa ou de maman, quelquefois même une goutte de sirop se composant d’un sucre fondu dans de l’eau de vie. « Ils ont le