Aller au contenu

Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour l’odeur de la tubéreuse et j’ai connu une belle dame, des plus respectables, qui ne pouvait pas voir, étant grosse, un animal à sa portée sans essayes de le piquer. Elle finit par tuer son mari à coups d’épingles, moralement parlant, bien entendu. En ce moment douloureux de l’histoire du monde entier, des influences mauvaises courent les rues et les champs, elles passent les haleines empestées, qu’exhalent les lointains charniers des batailles et elles empoisonnent aussi bien les consciences que les airs. Il faut tolérer, pardonner. Seulement, si ça dure, je crains beaucoup de m’empoisonner moi-même. Je tourne dans un cercle vicieux dont je ne sors plus et qui ne s’élargira… qu’avec la ceinture de la femme en question.

Aime-t-elle son mari ? Est-ce que les femmes enceintes aiment leurs maris et, au sens ingénu du mot, pardonnent-elles à leur bourreau ?…

… J’ai failli tuer quelqu’un cette nuit. Je suis très contente de moi, car je n’ai pas tiré le coup de revolver que je devais tirer.