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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/30

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on est malheureux. Si on était très amoureux, très riche ou très ivre, on n’aurait aucun besoin de ma présence. Les joies du monde sont des choses factices qui aident à se passer de ma solidité. D’ailleurs, je suis un luxe qu’on ne peut pas payer, sinon avec tant de larmes que beaucoup de mes fervents y renoncent. Vous avez besoin de moi parce que vous commencez à vous ennuyer ou à connaître la peur.

— Si je pouvais seulement croire à d’immortels principes : le droit, la justice, la liberté, l’égalité… ou la mort !

— Des principes ? C’est une invention humaine et, par conséquent, leur immortalité est contestable. Ce qui demeure immortel, c’est le génie, la légende, parce que c’est mon voile. Ce qui brille le plus, malgré la distance, c’est une étoile dans la nuit ; sans l’obscurité, vous ne la verriez pas ! Des principes ? Pourquoi pas la morale ? Tenez, je préfère encore les sept robes de votre condescendance et leurs treize bonnets assortis. Au moins, c’est franchement absurde… Songez que la légende