Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/43

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tissus meilleurs que les liberty bon marché qu’elle n’arbore que pour l’amour de leur souplesse. Quand l’une de mes robes est sale on prend l’autre, même nuance, qui est propre… mais on remet la sale, le matin, pour économiser la propreté de l’autre et très souvent, sans s’expliquer pourquoi, on porte la sale encore le soir, à cause de la pluie… J’ai appris à marcher avec des sabots, ce qui m’est très pénible, parce que j’ai dû aller à pied faire les provisions aux halles de C. pendant tout un hiver et que je suis redevenue boiteuse. (Comme je la sens derrière mon épaule, je suis bien obligée d’avouer que je suis née boiteuse : un accident de forceps lors des couches de ma mère.) J’ai boité toute ma petite enfance, qui fut la plus pitoyable des enfances à cause de cette infirmité et de beaucoup d’autres choses. (Ne vous donnez pas la peine, ô lecteurs, de murmurer : dégénérescence, névrose, prédominance du cerveau sur la faiblesse de constitution. Le sieur Lombroso est un fataliste dangereux, il est même dangereux comme le serin est