Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/54

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dans cette chienne d’existence, puis elle s’envola vers la fenêtre. Je ne l’ai jamais revue. Peut-être l’ai-je écrasée quelques jours plus tard en époussetant des livres… parce que c’est la vie…

Si vous avez compris mon état d’âme, ça me dispensera désormais de faire de la psychologie pour lecteur têtu, chose dont j’ai la nausée. Quand il s’agit de débrouiller des questions d’ordre purement — ou impurement — moral, je raconte une histoire, n’importe quelle histoire, pourvu qu’elle représente l’essentiel de ma pensée. Je remplace le rôti par un hors d’œuvre qui trompe la faim, cette étrange boulimie que vous avez tous et toutes, ce que j’appellerai : l’appétit de la fable !… parce que si on vous disait qu’il vaut mieux se taire en présence des aventures incompréhensibles, vous diriez : « Peut-être qu’elle nous juge incapables de comprendre. » D’ailleurs si mes convives ne sont pas contents… de mon pain de guerre, la grise miche d’au jour le jour, ils n’ont qu’à ne pas s’asseoir à ma table. Ce ne sont