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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/89

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IV


Et le jour gris, tout suintant de larmes, ramène les petits devoirs boueux, vous forçant à patauger dans l’humidité, car les bêtes ont faim. Mais, par n’importe quel temps, est-il plus douce corvée ? Donner à manger ! Donner leur pain quotidien à ceux qui vous prennent certainement pour leur Dieu…, à ceux qui n’ont que vous comme ciel, à ceux dont la confiance absolue demeure la preuve de l’innocence absolue ! (Où sont-ils, maintenant, les sauvages ayant encore l’appétit de nos civilisations ? Et quel conquérant peut-il tenir encore à devenir le fétiche d’un nègre ?) Eux, les pauvres inférieurs, ne possédant ni ambition, ni trésors, ils sont les captifs éternellement ravis de vous voir disposer de la noblesse de leurs attitudes ou de la bonté de leur chair.