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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/99

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là, sous prétexte de leur tendresse et de leur rage à suivre le bord de ma robe ! Elles m’ont suivi sournoisement un soir jusqu’au barrage et elles se sont perdues dans les environs des… ogres. Un soir de décembre ! Il m’a fallu courir tout le pays avec une lampe électrique, sonder chaque touffe de roseaux, franchir la ligne du chemin de fer, sous le tunnel, aux risques de me faire fusiller par Totor, le garde-voie, et j’ai fini par les apercevoir, boutées dans la gelée blanche, blotties l’une contre l’autre, usant peu à peu leur chaleur naturelle, miaulant faiblement, si pitoyablement avec leurs yeux ronds pleins d’eau… « Vite, vite, dans les poches de mon manteau, coureuses, évaltonnées, sans jugeote, gibiers de casserole ! » Et toutes deux se mirent immédiatement à ronronner, car l’animal n’est jamais récriminant, même s’il y a crime ; il remercie d’abord.

Quant à Mina et à Rip, cadeau superbe, ils me furent livrés, par leur propre maître, pattes et museaux liés. (Un éprouvé de la guerre ayant vu saccager sa propriété du côté de