Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/115

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juge en poussant de la botte le prétendu cadavre. Ah ! ah ! mon drôle, te voilà prisonnier comme un simple renard voleur de poules et de lapins que tu es !

L’homme, un grand diable maigre dont le visage suait de peur en dépit de la gelée blanche répandue sur lui, n’essaya pas de protester ni d’attendrir. Il bredouilla une malédiction en patois, se souleva sur ses mains pleines de sang, car il s’était furieusement débattu contre l’énorme étau qui mordait sa jambe, et retomba.

Depuis combien de temps endurait-il ce supplice ?

Il avait dû venir au petit jour pour vérifier ses pièges à lui, ses collets, il avait trébuché dans l’autre, s’était épuisé à découvrir le secret du sinistre engin, on le voyait à ses ongles teints de rouge, et, vaincu par la souffrance, il avait eu le courage de faire le mort en apercevant le propriétaire de ses terrains de chasse. Comme il le connaissait bien, il ne cherchait pas à l’implorer. Il y a des malfai-