Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mademoiselle Félicie, disait le jeune officier, debout près d’elle, qui s’était assise sur la grosse branche tombée du chêne éventré par le dernier ouragan, il y a bien longtemps que je rêvais de vous parler à cœur ouvert, mais votre père, votre frère, m’ont témoigné une telle hostilité que je ne savais plus comment y arriver. Si vous saviez ce que je bénis le pauvre diable qui s’est pris au piège ce matin !

— Oh ! Monsieur, ne gâtez pas votre bonne action…

Elle était toute rose de la course, et sa natte se détordant sous son petit feutre rond, elle l’avait ôté afin de remettre de l’ordre dans sa coiffure.

Elle se souvenait que justement ce matin-là, pressée de rejoindre son père, elle ne s’était même pas peignée.

— Voyons, mademoiselle Félia, ne soyez pas aussi farouche que vos parents. Ce n’est pas de ma faute si j’agis en dehors d’eux. Ils m’ont mis en quarantaine et je n’ai guère de patience quand il s’agit de