Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ché sur elle, la main effleurant son épaule, et elle les yeux étrangement absents, quoique ne se détournant pas.

— Pourquoi m’aimez-vous ? questionna-t-elle d’un ton sourd, où grondait subitement une colère inattendue.

Chose étrange, le jeune homme fut révolté par cette question, ou trop ingénue ou trop directe. Il ne lui avait même pas osé dire qu’il l’aimait pour lui parler d’abord de mariage, honnêtement.

Un sourire montra ses dents blanches, sous sa moustache rousse. Elle admettait donc l’amour ?

— Je n’en sais rien, Félia, mais je sens que si vous n’êtes pas à moi, je ne me marierai jamais. Je vous connais depuis toujours, si je ne vous rencontre pas souvent, et pourtant je n’ai fait aucun autre projet depuis que j’existe. Il me semble que nous sommes destinés l’un à l’autre… Nous sommes du même pays, des mêmes terres, nos domaines se touchent, et puis… et puis vous êtes la seule femme qui sa-