Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/160

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l’homme ! C’était la redoutable laie, grouin levé, ses courtes pattes disparaissant sous elle, et autour de sa majestueuse circonférence, quatre marcassins prêts à détaler au signal de leur mère. On s’était réfugié là en entendant les chiens sur la voie de l’autre sanglier, le plus faible, perdu pour s’être laissé surprendre en flânerie.

Les branches basses d’un sapin frangé de neige les couvraient. Tout autour, des buissons de ronces, de houx, s’enchevêtraient formant à la fois un toit et un rempart, presque un mur. Ils n’y étaient que depuis l’aube, mais déjà, sur le sol, coulait comme une pâte brune, de la boue délayée, neige fondue et racines hachées, une fange épaisse dans laquelle ils se seraient roulés avec joie s’ils n’avaient entendu, au loin, les féroces coups de gueules des braques. Des abois brefs, rauques, espèces de morsures anticipées, indiquant la bonne piste. Tout à l’heure, il faudrait foncer… la mère aiguisait ses