Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/95

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serrant sur sa poitrine d’un enlacement si violent que la jeune fille semble étouffer.

La porte refermée au verrou, il entraîne Félia sur le divan, la fait asseoir et se prosterne à ses pieds.

— Tu as froid ? questionne-t-il, anxieux.

La jeune fille baisse doucement les paupières et le front pour dire : oui.

Elle a toujours froid. Il le sait bien ! Jamais de feu dans sa chambre et encore moins de vêtements chauds ! Elle est celle qui doit remplacer toutes les vanités du siècle, y compris le nécessaire, par sa jeunesse active, son courage à accomplir tous ses devoirs et sa très belle santé.

Son père aime à répéter cette phrase, d’une savoureuse ironie en la circonstance : « esprit sain dans un corps sain n’a pas d’inutile besoin ». Il a découvert ça dans un lexique du temps passé, un abrégé de la morale en action, de toutes les lois que les sous-Jean-Jacques Rousseau ont fourni aux lecteurs sans, bien entendu, s’en servir pour eux-mêmes à l’exemple de leur hypocrite modèle.