Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VII

Mademoiselle Lordès se tenait debout près de la grille dorée du chœur. Elle était arrivée la dernière et pour faire des critiques. Non ! ce Mois de Marie ne lui plaisait pas. Il manquait de verdure, d’ombrage, de mystère. Trop de fleurs fausses et pas assez de plantes d’ornement. Tous ces lis en papier donnaient à l’autel un aspect de magasin de modes, mais ce n’était pas elle qui ajouterait son cadeau. Depuis que le vieux curé d’Estérac était mort, elle désertait l’église et ne se souciait pas de faire plaisir à ce jeune prêtre indifférent, si peu zélé pour ses brebis. Autour d’elle, des dévotes, chargées de dons multicolores, s’empressaient comme des fourmis. Laure ne savait guère pourquoi elle venait là. Elle était entrée en se disant que cet homme, Armand de Bréville, avait bien de la chance de se cacher sous une soutane, car, sans cette jupe noire, elle trouverait bien un moyen de l’atteindre, de se venger de ses dédains. Ses pru-