Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La demeure de son rêve était une petite villa aux fenêtres ingénues grandes ouvertes sur le vide. Elle s’ornait d’un balcon minuscule et d’une toiture genre chalet. Ses jardins, si on pouvait appeler ces fouillis de plantes libres : des jardins, s’ébouriffaient autour d’elle comme des favoris d’angora. Les uns montaient à pic, se dénudant jusqu’à l’os du roc, les autres se creusaient en rigoles pour recueillir l’eau du ciel. Une terrasse occupait un fond de décor dentelant les incultes verdures d’une balustrade puérilement italienne. Et les gros rochers noirâtres, à ventre de monstres écailleux, surplombaient de droite et de gauche la chétive bâtisse, l’air très important, respectables ancêtres de l’habitation moderne, ayant toute la tournure de parents protecteurs dont le poids deviendrait cependant insupportable s’il vous basculait sur les épaules.

Deux bosquets d’acacias s’efforçaient, de chaque bout, d’en masquer la sombre mine et de dérober leurs cavernes par une profusion de guirlandes virginales répandant une odeur exquise, une odeur blonde comme celle des chevelures d’enfant que la lune de miel dénoue. Des grillages minces, qu’on ne voyait