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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/132

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rares passants, amateurs de pittoresque. Mme Fonteau déclarait qu’elle portait soixante-seize ans depuis au moins deux lustres. Effroi et superstition de ce tournant de haute Seine, elle tenait, sur la rive droite, boutique d’épicerie, d’engins de pêche et de voluptés pour les haleurs, les mariniers, les braconniers de tout ordre. Sa maison, humble baraque tremblant à tous les vents, d’apparence innocent poulailler, s’adossait sournoisement à d’anciennes carrières, à un four à chaux, et c’était l’entrée de souterrains contenant d’immenses ressources ; de caves sèches et fraîches où l’on conservait le vin flotté, c’est-à-dire le vin tombé des péniches en cours de route, les sacs de grains, avoines, blé ou riz, avec lesquels on pouvait nourrir de nombreuses volailles, et, surtout, les différents produits des pêches aux engins prohibés, de la chasse, à n’importe quelle époque de l’année, poil ou plume. Il y avait même des salons, confortablement meublés de divans de mousse aussi profonds que des tombes, où venaient, de très loin, les friands de chair tendre, sinon de venaison faisandée.

D’abord, Stephen et Lionnelle ne virent, en face d’eux, rien que de très normal : une vieille