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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/144

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aurons en toutes saisons, ce qui sera charmant, n’est-ce pas, Stephen ?…

La vie s’organisa, dans ce pays perdu, avec l’auto revenue de chez son réparateur et débarrassée de sa carrosserie d’hiver. On supprima le chef, la femme de chambre, pour garder un chauffeur, et on ne conserva que la bonne, Charlotte, pour le service intérieur de la villa. Charlotte était une créature fort intelligente, quoique maussade ; elle ne riait jamais et ne comprenait point pourquoi sa maîtresse faisait la folle alors qu’elle aurait pu vivre si tranquille : « dans le duvet de ses rentes ». Mme de Montjoie ne pouvait pas rester seule, elle voulait une cour, des bouffons, des poètes, des aventures, des hommes qui se tuent ou s’entre-tuent. On ne lui voyait jamais une amie. Pourquoi ?…

Lionnelle savait bien que, malgré son titre et une certaine noblesse d’âme, elle ne recevrait chez elle, à la ville ou à la campagne, que des femmes tarées. C’est par les hommes qu’on monte, c’est par les femmes qu’on descend !… Non ! Charlotte ne comprenait pas !…

La villa fut arrangée en petit palace, avec cette différence qu’on y fut privé de tout le