Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/60

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Céline tremblait comme saisie d’une fièvre. Qui donc la sauverait de l’autre danger, celui du mariage ?

— Pour une affaire, c’est une affaire, murmura Julien très ému, beaucoup plus ému qu’il ne voulait le paraître. Alors, nous sommes à Elbeuf ?

— Non, la pancarte indique de tourner à gauche dans le chemin forestier, avant la ville.

Elle remonta, très anxieuse de l’état de son mari, et ne s’aperçut point que son manteau beige, en effleurant cette enseigne fraîchement peinte, avait reçu des taches, des taches d’encre… mais elle ne se souciait plus beaucoup des empreintes visibles. Elle gardait au cœur un souvenir ineffaçable et elle ne respirait que pour lui.

La voiture tourna, s’engagea dans une allée jonchée de feuilles et soudain des lampes à arc s’allumèrent de tous les côtés.

— Splendide, l’allumage ! cria Julien transporté. Dites donc, Linette, est-ce que j’ai la berlue ? C’était tout à l’heure le four et voici que nous voyons trente-six mille chandelles. Ma parole, je commence à m’amuser. Oh ! Linette, nous demanderons du champagne. Je