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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/74

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Il ajouta, dissimulant un sourire :

— Le reste de cette bonne fortune vous arrivera en dormant, j’imagine, si ça vous arrive jamais.

Il causait avec une aisance caressante qui la séduisait peu à peu et lui laissait croire à la liberté pleine et entière de toute sa personne. Cet homme était très maître de lui parce qu’il était sûr du résultat. C’était le grand criminel conscient et parfaitement organisé.

Elle se pencha vers lui, ses deux mains fluettes jointes en une adoration qui ne mentait pas.

— Oui, fit-elle très tendrement, je vous ai choisi, vous, et je sais que je vous aimerai par-dessus tout parce que vous êtes l’amour. Je ne vous ai pas demandé votre nom, j’ignore où je suis. L’Hôtel du Grand Veneur n’existe pas. Tout ce qui nous entoure n’existe pas. C’est un songe. C’est trop beau, cela vous ressemble, monsieur mon amant.

— Ah ! ah ! je suis votre amant ! Et qu’est-ce que ce rôle me permet en tout bien tout honneur ?… Je suis très curieux de le savoir, mademoiselle ma maîtresse ?