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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/81

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Elle le regardait, renversée sur son épaule, et le petit ruban d’argent qui lui attachait les cheveux prenait l’aspect d’un nimbe de lumières.

— Je t’aime, répondait-elle en écho. Il n’y a rien au delà de ce paradis et je n’étais rien avant d’y être entrée. Je ne suis pas une savante. Il y a trop de livres dans votre salon et trop de dieux… Ce n’est pas là que l’amour habite. Ici… tu es le seul.

— Elle raisonne comme un vieux philosophe. C’est exact. Ma chambre chinoise est une salle de torture en comparaison de la douceur de cette nuit limpide. Viens, nous allons nous promener en barque. Tu verras le cygne qui ne dort jamais. C’est un bel oiseau mécanique, formidablement remonté quand il s’agit de manger de la brioche.

— Et mon histoire ?

— Tout à l’heure.

Il sauta dans la barque et la prit dans ses bras en brisant, sans y faire attention, le cordon de boutons d’oranger qui lui servait de ceinture.

— Mauvais présage, Linette. Voici la fleur d’oranger qui tombe.