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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/90

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souvent avec ce détail-là, et comme je n’ai pas beaucoup de poitrine…

— Pourquoi un mari aurait-il droit à une preuve que moi, l’amoureux ou l’amant, je ne dois pas avoir ?

— Pourquoi n’avez-vous pas sauté dans le canot de sauvetage, quand vous pouviez le faire, avant de tomber à l’eau ?

— Parce que… Ah ! tu m’ennuies, petite Française !

Il la coucha au fond de la barque, sur un manteau, son manteau de marin des jours de pluie, et il se mit à la bercer en se balançant d’un bord sur l’autre. Elle essaya de réagir, recouvrit chastement ses pieds de son peignoir, puis elle joignit les mains sur son cœur, gagnée par le sommeil.

— Paul ! Monsieur Paul de Sardres, voulez-vous me jurer que vous ne me ferez pas pleurer… volontairement, que vous me ramènerez dans ma belle chambre bleue, qui sera la mienne, rien qu’à moi ? Je voudrais tant être aimée… Je vous suivrai dans vos voyages, vous entendez, jusqu’au fond des soutes… mais pas toute nue, non, pas toute nue. Ah ! ne me bercez pas comme ça… le navire s’enfonce, il