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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/123

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confidences au sujet du baronnet sir Stow. Elle me disait qu’elle le trouvait charmant et c’étaient, de ma part, des allusions sans fin qui provoquaient sa gaîté.

Puis, dans la salle à manger, le soir, nous y faisions la lecture des auteurs favoris de mon père… Mon mari se reposait de son travail du jour dans son grand fauteuil, que le pasteur occupait en ce moment.

Dans ma chambre, Magde et moi, nous dessinions. De la fenêtre ouverte, nous voyions le gros Burrague couché sur la pelouse près des roseaux et nous faisions son portrait. Ou bien, c’était le petit Harry, qui, pour une tartine, posait en soldat devant nous… Et sa chambre, à elle, son doux nid, dont nous étions si fières toutes les deux. Tous les soirs, j’allais la border et l’embrasser dans son lit ; j’allumais la veilleuse de verre de Bohême, et, si la nuit, par la porte entr’ouverte, j’entendais soit un soupir, soit un mouvement des courtines de satin, je courais vite la voir dormir ou l’arranger.

J’allai aussi sur la pelouse, j’en fis le tour, mais je m’arrêtai à la barrière peinte en vert…