Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/131

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rapprochât encore de moi, car il s’approchait. Il regarda mon lit :

— Vous savez qu’une nuit je vous ai portée là, dit-il.

— En effet, répondis-je très calme, je m’en souviens !

Il arrêta son regard hardi sur moi.

— Vous étiez bien belle, Ellen, plus belle qu’en ce moment, car vous n’aviez pas conscience de mon amour, alors, et vous vous reposiez sur moi avec abandon.

— Pardon, j’étais évanouie…

— Eh bien, je suis sûr que, même étant évanouie, maintenant, vous auriez sur les traits une expression de révolte.

— Oui, James, même dans la mort.

Je lui montrai le verre.

— James, ceci est du poison. Je crois ne plus avoir qu’un droit sur terre, à cette heure, puisque vous me les avez tous retirés : c’est de le boire. Avancez encore, faites un pas, touchez-moi… insultez ma sœur, et je vais le prendre !

Regardez bien, ajoutai-je en lui tendant le flacon, c’est du laudanum.

Il tomba à mes genoux et s’y traîna…