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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/183

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missante, sur ma poitrine. Il se recula, alors… Je vis deux larmes jaillir de ses yeux. Il se cacha le visage en s’appuyant au fauteuil qui se trouvait derrière lui.

Malheureusement, Madge ne fut pas assez forte pour nourrir elle-même son fils. On lui chercha une nourrice, une bonne jeune femme dont le mari travaillait à l’usine. Elle venait de perdre son enfant. Ce fut encore moi qui m’occupai de la nursery. J’avoue que je me donnai tout entière à ces soins-là. Mon petit Henry était bien mieux à moi qu’il n’était à sa mère. Madge n’aimait pas son fils comme j’eusse aimé le mien. Elle riait et jouait avec lui, comme elle avait ri et joué de tout dans sa vie. Excepté de son mari, toutefois.

James, lui, je le surprenais devant le berceau de son enfant, le contemplant, immobile, retenant son souffle, plongé dans une sainte admiration. Je me sentais attendrie, alors, par cet homme. Je songeais qu’il y avait encore dans son âme un sentiment honnête, et j’espérais… Mais je le voyais fuir, quand Madge prenait son fils de mes bras, en disant :

— Ellen, donne-moi ma poupée !