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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/188

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comme les poings d’un petit homme. Il faisait une jolie moue avec sa bouche mignonne, encore tout humide de lait. Je tenais dans mes mains ses petits pieds, afin qu’ils fussent bien chauds. La nourrice devait venir le prendre, dès qu’il serait complètement endormi, pour le coucher. C’était cependant vrai, que cet enfant me ressemblait. Il avait la coupe de visage de son père et beaucoup de mes traits ; c’est en vain qu’on cherchait, en lui, quelque chose de Madge. Je le regrettais, car il eût été plus beau. Ses yeux, surtout, frappaient tout le monde.

— Oh ! disait-on, il a le regard de mistress Veedil !

Comme j’en aurais été fière, si cette ressemblance n’eût servi de continuelles comparaisons pour le père !

Cet être charmant avait des membres moulés comme ceux d’un amour ; ses petits bras, ses petites jambes rondes, ce buste mignon, n’avaient pas un défaut. En l’habillant, en le déshabillant, je lui trouvais toujours de nouvelles perfections. Je restais à genoux, des heures entières, devant son berceau ; Madge