Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/226

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dans la position où elle se trouvait. Je chargeai Juliette d’aller me la chercher ; Juliette me dit qu’elle avait frappé inutilement à sa porte. Elle s’était enfermée, elle n’avait pas répondu. Mon cœur se déchira… Je pris le bras de mon père et j’allai chez elle ; Madge n’y était plus… Je la rencontrai dans ma chambre ; elle était suivie de la nourrice qui portait son enfant.

— Où vas-tu ? lui demandai-je, effrayée de sa pâleur.

Elle se mit à rire aux éclats :

— J’emporte mon fils : Je ne crains pas qu’il te gêne, cette nuit… Pourquoi es-tu si curieuse ? Ne dirait-on pas que je vais m’envoler ?

Je ne fus qu’à demi rassurée ; ce rire m’avait glacée.

Après dîner, le docteur me demanda un entretien particulier. Cet homme devait tout savoir. Je vins à lui, dans le salon avec un tremblement nerveux ; il allait, peut-être, me jeter son mépris à la face. Il me dit à voix basse et rapidement :

— Je connais la passion que votre beau-frère a pour vous… je sais que vous êtes une