Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

veux que tu me dises que tu l’aimes ; je veux t’entendre me le répéter !… Vois-tu, je n’y croirai que quand tu le diras devant moi !

— Eh bien ! oui… Je l’aime ! Malheureuse… Je l’aime, comme un insensé, depuis trois ans… depuis qu’elle est venue ici. Je ne t’ai épousée, toi, que parce qu’elle m’y a forcé !

— Lâche ! m’écriai-je.

Un flot de sang me monta aux lèvres ; je me courbai sous la douleur ! Le parquet devint rouge. Puis, je tamponnai mon mouchoir sur ma bouche ; je m’avançai, je saisis la robe de ma sœur d’une main.

— Viens ! laisse-le ! nous allons nous en aller avec ton fils ! nous partirons ; il ne nous verra plus… Viens !

— Non, dit-elle, d’un accent de sauvage passion, nous mourrons toutes les deux devant lui !

Elle me prit la main et voulut m’attirer. Je me rejetai en arrière ; elle se releva, tenant toujours ma main, elle la plaça avec une force irrésistible dans celle de James.

— Eh bien ! tu seras heureux, mon bien-aimé. Qu’importe ma vie ? Puisque tu ne m’ai-