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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/269

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des amoureux ? demandai-je de nouveau.

— Quand on est deux… n’ont jamais froid. La pauvrette attendait, les pieds dans la neige, grelottant tout de même et craignant que son amoureux ne restât chez la riche meunière.

— Et, ajoutai-je de mon cru, qu’une seconde maladie ne le prît — car mon esprit se délurait.

— Oui. Or, minuit passa. Un coup de vent vint, abattit le toit de la hutte, et la fille se mit à pleurer. La neige tombait sur ses épaules, la bise gelait ses larmes… Elle attendait toujours.

» Cette nuit-là, le meunier, aidé de sa fille, grisa Jean-Pierre, et Jean-Pierre n’alla pas au rendez-vous ! Le lendemain, notre gars, dégrisé, s’en fut à la ferme où sa pauvre amoureuse donnait de l’avoine aux poules. En passant près de la hutte, il aperçut une grosse bonne femme que les petits enfants de l’endroit devaient avoir pétrie en boule de neige. Il se mit à rire, pensant à l’amoureuse, quand elle rencontrerait ça le soir. Mais, à la ferme, on lui apprit que son amoureuse s’était quittée de chez ses maîtres sans prévenir personne…