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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/46

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sus de sa tête ; sa chevelure épaisse lui faisait un second oreiller. Il y avait une cuvette et une éponge à côté de lui. On avait jugé à propos de lui laver le visage. Au menton, je lui vis une petite brûlure ; le métal avait, sans doute, jailli jusque-là.

Sa physionomie me frappa dans l’état d’esprit où je me trouvais. Quand on analyse ses sensations et ses remarques avec la plume, on peut croire qu’on s’est arrêté volontairement à tel ou tel examen ; mais, pour écrire, il faut bien plus de temps que pour penser ; je voyais James sans le regarder.

Son teint avait une blancheur mate ; un peu plus d’animation sur les pommettes des joues qu’en temps ordinaire ; c’était là le seul indice de la fièvre. Ses yeux étincelaient dans l’ombre que projetait son bras : ils me parurent plus grands à cause de la ligne bleuâtre qui les entourait. Ses sourcils, qu’il ne fronçait plus, rompaient harmonieusement le front ; ce front, que j’avais vu toujours caché par les cheveux, avait sa courbe très en arrière. Ses lèvres, entr’ouvertes, découvraient des dents superbes, paraissant tranchantes comme des