Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/66

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— Non, assurément.

— Eh bien, avec James et ses amis !

Ma sœur, jouer aux cartes avec des ouvriers couverts de suie, des gens grossiers ! Ma sœur, cette hermine au milieu de cette fange !…

Je laissai tomber mon canevas sur les oreilles du chat.

— Et je me suis amusée énormément… Dans une des cours, à côté de la maison de James, tu sais qu’il y a un gros sapin tout noirci. Là-dessous, on avait mis une table ; une dizaine d’ouvriers étaient autour : les uns buvaient, les autres causaient. James, debout près du sapin, fumait un cigare en remuant du pied le gros Burrague, qui se roulait de temps en temps. On faisait circuler une cruche pleine de bière et on buvait. Tous buvaient au même verre ; seulement, quand venait le tour du contremaître, il jetait la première bière qu’on lui avait versée par-dessus son épaule et s’en servait lui-même de nouveau. Il y eut un ouvrier, le père d’Harry, qu’on appelle Georges, je crois, qui demanda des cartes ; on lui en donna. Ce fut James qui les distribua aux joueurs. Il battit ses cartes avec un véritable talent. Ceux