Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prendre sa pensée très clairement. J’aurais bien pensé comme elle, si je n’avais aimé ailleurs !… Je n’ai fait que prendre ce qui m’était offert. Je n’ai jamais cru que Madge fût aussi innocente. Il faut qu’elle le soit joliment, pour être allée vous raconter cette histoire… Enfin, hier, à la nuit, elle est venue pour me porter de l’argent… Je vais vous le rendre, il est encore chez moi. J’avais fait des dettes ; je jouais et je buvais autrefois pour m’amuser ; maintenant c’est pour m’étourdir ; aussi, j’y vais plus largement… Elle vint, mistress, je la vis entrer ; c’était vraiment trop fort ! Elle se jetait dans la gueule du loup. Figurez-vous qu’elle n’avait pas de corset… sous son châle, elle était presque déshabillée. Je lui dis que je ne voulais pas de son argent et qu’elle, miss Veedil, ne devait pas payer mes dettes… Elle voulut poser sa bourse sur ma table, je la repoussai ; « Tu ne m’aimes donc pas ? s’écria-t-elle. » Ma foi, mistress, franchement, que voulez-vous que réponde un homme de mon espèce ?

James s’arrêta. Je me tordais les mains…

— Et, à présent que vous êtes la honte de ma sœur, m’écriai-je, il faut que vous restiez