Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/91

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m’est plus cher, vous le comprenez, que leur avenir… Ma sœur sera malheureuse, je n’en doute pas, mais c’est elle, c’est vous qui l’aurez voulu… Il faut que ce mariage se fasse promptement. J’amènerai mon père à l’envisager sans trop de honte ; j’espère même l’y faire consentir sans lui apprendre toute la vérité. Il faut, James, éviter de rencontrer Madge, je n’ose faire appel à votre conscience ; je sais que vous n’en avez pas, mais je vous supplie, au nom de Madge que vous avez perdue, de ne jamais chercher à la voir seule. Quand vous serez fiancés, je me charge de trouver des prétextes pour vous en éloigner. Cet état de choses ne durera pas longtemps, je vous le promets. Maintenant, dites-moi exactement le chiffre de votre dette, je vais la payer.

Je ne regardais pas James en lui parlant, mais je sentais son regard, à lui, fixé brûlant sur mon front.

Il se pencha sur le bureau.

— Mistress, vous ai-je dit cette nuit que j’en aimais une autre, et que c’était en quelque sorte votre sœur qui était venue se jeter dans mes bras ?