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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/108

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La conversation tombe. Noisey se lève. Il examine un bronze, regarde un tableau, feuillette le fameux traité d’architecture indochinoise. Il est un peu triste des confidences qu’il vient de me faire, point gêné.

Il sort en me demandant la permission de revenir de temps en temps, épancher son âme.

Me voici en passe de tromper la femme avec le mari.

Délicieux.

Il n’est pas plus tôt dehors que je suis saisi d’une rage. Oui, cet homme s’est fichu de moi et il faut que je m’aligne. Je ne peux pas tolérer qu’on se fiche de moi de cette odieuse façon.

Je m’empare fiévreusement d’un télégramme et j’écris :

« Cher Monsieur Noisey, en réfléchissant à notre bizarre conversation, il m’a semblé que vous n’étiez pas très fixé sur la valeur des croissants que l’on porte dans votre ménage… »

Je déchire.

Idiot, grossier, je deviens le bourgeois et lui sera le littérateur.